Les traditions de mariage : et si on les révolutionnait pour se les approprier ?
Vous avez la liberté de changer les traditions (et c'est génial !)
À l’Atelier Wedding, on adore ce qui détone, ce qui change, ce qui reflète les gens, ce qui est créé rien que pour soi et pas pour les autres. On aime ce qui est différent, ce qui a du sens et qui correspond aux marié.es. Bref, les traditions, c’est ok pour nous à condition que ça vous corresponde vraiment.
Alors, on ne dit pas qu’il faut tout balancer par la fenêtre : les traditions, ça a son importance aussi. Ce sont des façons de faire qui peuvent apporter du réconfort, qui nous rassurent, qui nous rendent fièr.es. Lorsqu’on décide de suivre une tradition, on s’inscrit dans une lignée de personnes, de familles ou de sociétés auxquelles on se sent appartenir. Alors ce n’est pas une mauvaise chose, de suivre ces traditions.
En revanche, ce qui nous parle moins, c’est lorsque ces traditions sont imposées, lorsqu’elles sont suivies par défaut ou qu’elles sont acceptées à contre-coeur, pour faire plaisir à d’autres personnes qu’aux principaux concernés, à savoir les marié.es.
Alors on a décidé de mettre en lumière quelques traditions françaises dans cet article. On va vous les expliquer (parce que c’est souvent intéressant de revenir aux fondamentaux du pourquoi du comment !) et on va imaginer comment on pourrait les révolutionner, les déconstruire pour mieux se les approprier.
Tradition 1 : couper la première part du gâteau : la hantise de Christelle !
Le principe : lorsque le dessert arrive (souvent à grand renfort de musique, de bougies et d’alcool, ça aussi on pourrait en parler des heures !), il y a ce moment pendant lequel les marié.es prennent un énorme couteau (ou un sabre, soyons fous!) et coupent la première part du gâteau (pour se la faire manger l’un l’autre, ça finit souvent comme ça). S’en suit un long moment souvent un peu gênant pendant lequel les marié.es galèrent un peu à couper le gâteau (trop dur, trop mou, trop haut, trop décoré…) avant de refiler le bébé au traiteur une fois la photo prise. Une grosse arrivée et une grosse attente pour qu’au final ce soit d’autres personnes qui s’occupent de tout gérer… Étrange, non ?
D’où vient cette tradition ? A priori, les origines de la découpe du gâteau remontent à la Rome Antique : la jeune mariée devait couper la première part du gâteau (qui était plutôt à l’époque une sorte de pain, oubliez les choux et les layer cake !) pour s’assurer longévité de mariage, bonheur et surtout pour symboliser la fin de sa vie de jeune fille (et la fin de sa virginité, ça va souvent de paire…). La mariée prenait le sabre de son mari pour couper le gâteau, et le mari posait ses mains au dessus de celles de sa femme pour lui symboliser la protection qu’il lui apporterait dans les années à venir.
Ce qui nous gêne un peu : c’est le fait de mettre en avant un couple en leur demandant de galérer à couper un gâteau pour prendre trois photos. Si les marié.es n’aiment pas être au centre de l’attention, c’est typiquement un exercice pas très agréable. Imaginez en plus qu’ils « ratent » la coupe du gâteau ou en fassent tomber sur leurs tenues et il y aura des railleries pour le reste de la soirée.
Comment révolutionner tout ça ? Si couper le gâteau peut être assez satisfaisant (il y en a des qui se battent pour couper les gâteaux d’anniversaire, alors imaginez une pièce montée !), les toqués des découpes géométriques sont souvent moins emballés par la partie « tout le monde me regarde » ! Alors si vous voulez couper votre gâteau, n’hésitez pas à le faire… En petit comité, en secret, juste avec votre moitié. On peut imaginer quelques photos volées dans la cuisine, un peu comme des ados, et le moment pourrait être très drôle. Et puis si vous n’avez pas envie de couper le gâteau, eh bien… Ne le faites pas ! Demandez à votre traiteur d’apporter le gâteau déjà découpé, ou bien de le servir à table, comme il aura servi le plat principal ou le fromage. On peut aussi imaginer un gâteau par table : ce sera alors aux invités de couper eux-mêmes leur part de gâteau, histoire qu’il n’y ait pas que vous qui galériez avec le couteau ! Dernière option : optez pour une autre forme de dessert. Farandole de gâteaux, petites mignardises, buffet de desserts, fondue de chocolat, glaces en cornet, soupe de fruits… Il existe plein d’alternatives au gâteau de mariage (et à sa découpe !)
Plein d’autres conseils pour votre repas de mariage sont à lire dans notre article : Conseils pour un repas de mariage réussi.
Tradition 2 : la jarretière que Stéphanie voudrait voir disparaitre !
Le principe : À un moment du mariage, la mariée est exhibée en hauteur et empoigne sa robe : au niveau de sa cuisse se trouve une jarretière, une pièce en dentelle. Associée à un jeu et une cagnotte, l’idée est alors de donner de l’argent pour remonter la robe de la mariée ou au contraire de baisser le jupon. S’en suit un bras de fer bruyant qui se conclue souvent par un oncle un peu bourré qui mise sa Ferrari pour avoir le privilège d’enlever lui-même la jarretière (avec les mains ou les dents, évidemment). Bon, en vrai, maintenant c’est plutôt la mariée elle-même qui enlève sa jarretière, ou bien sa moitié qui est la seule personne autorisée à la toucher (même si l’oncle bourré râle un peu).
Mais pourquoi ? Au moyen âge, la jarretière est une pièce de tissu qui sert à maintenir les bas (des dames et des messieurs, soit dit en passant), et qui se situe à chaque jambe, sous les genoux. Au fur et à mesure de la mode, la jarretière remonte jusque sur les cuisses (le jarret) et passe progressivement en dentelle (ou toute autre matière délicate). C’est l’ancêtre des portes jarretelles, des collants. Basique, donc. Et alors au 14ème siècle, le roi d’Angleterre Edouard III fait basculer la jarretière cachée dans une autre dimension. Alors qu’il danse avec sa maitresse (sa maitresse hein, pas sa femme, j’insiste), voilà qu’une des jarretières de cette Comtesse de Salisbury tombe par terre. Il n’en faut pas moins pour faire glousser tous les gros lourdauds de la cour pour qui, apparemment, c’est trop la honte. Du coup, ni une ni deux, le roi récupère la jarretière, balance une tirade (dont on retiendra « Honni soit qui mal y pense ») et crée dans la foulée l’ordre de la jarretière, l’ordre le plus prestigieux de la chevalerie anglaise. Un peu comme si, d’un coup, on renommait la légion d’honneur « légion de la bretelle de soutien-gorge qu’on voit dépasser d’un tee-shirt ». Franchement, c’était quand même un sacré pied de nez à ces chevaliers et pour ça, merci gars. Bon, mais après la jarretière est devenue l’objet de toutes les convoitises, symbole de la pureté, de la chasteté et de la virginité (encore une fois) et on en est arrivé à une animation de mariage, au fur et à mesure des siècles et des festivités.
Ce qui nous gêne un peu : beaucoup trop de choses. D’abord, le fait d’exhiber la mariée devant tous les invités : il n’y a pas plus gênant que de rester debout devant tout le monde à ne rien faire. Ensuite, le principe de faire se découvrir une personne devant tout le monde (et dont le consentement n’est pas toujours très très clair…). Enfin, l’idée du jeu d’argent, de la cagnotte : on fait jouer les gens pour récupérer de l’argent. De l’argent, en échange de la vision d’une cuisse, ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Je vous laisse chercher, ce n’est pas très difficile à trouver.
Comment révolutionner tout ça ? Difficile de révolutionner cette animation qui paraît dépassée… En revanche, ce que vous pouvez révolutionner, ce sont les animations, justement. Il y en a souvent pendant un mariage parce qu’elles permettent de rythmer votre évènement et d’impliquer des gens. Alors voici quelques conseils :
– Ne faites pas quelque chose susceptible de mettre dans l’embarras les personnes actrices et spectatrices. Oubliez les exhibitions, les mises en avant non consenties, les dossiers et private jokes, les obligations de prendre la parole ou de faire une action particulière.
– Jetez par la fenêtre toutes les animations qui impliquent des contacts physiques. On ne le dira jamais assez : votre corps, c’est votre corps et à priori, personne n’a le droit d’y toucher (sauf si vous le voulez vraiment, mais ça, ça vous regarde !). Donc toutes les animations qui impliquent de se toucher, de se coller, de s’enfiler des trucs par les pieds, les mains, la tête : on aime moyen.
– Faites attention avec les animations qui impliquent une compétition, ou bien de bouger, de courir, de faire un effort physique. L’accident est très vite arrivé, surtout quand il y a de l’alcool dans l’équation…
Et la jarretière alors ? Elle reste une pièce de tissu qui peut plaire à beaucoup de personnes : libre à vous d’en porter une (ou deux) et de la garder pour vous (et pour votre moitié, hi hi !).
Tradition 3 : l'entrée dans la salle des mariés, avant le repas, le traumatisme de Lucile
Le principe : le cocktail ou le vin d’honneur est terminé, les invités sont installés à leurs tables : il ne manque plus que les mariés. Et alors d’un coup, grosse musique d’ambiance, tournage de serviettes et cris dans tous les sens : les mariés rentrent dans la salle et font le tour des tables en dansant/sautant/courant (les variantes peuvent être avec ou sans feu, avec ou sans danse et chorégraphie, avec ou sans flash de lumière de téléphone…). Et vous attendez que la musique s’arrête.
Mais pourquoi ? Il y a plusieurs explications à cet engouement pour l’entrée en salle. D’abord, c’est le changement de lieu : les invités étaient à un endroit pour le cocktail avec une ambiance particulière, et pour le repas tout change. Le lieu, l’ambiance, la taille du groupe… Ensuite, il arrive bien souvent que les mariés se soient éclipsés quelques minutes (pour faire des photos, ou bien pour se changer par exemple). Donc ils doivent revenir à un moment donné. Enfin, l’idée est d’impulser une nouvelle énergie à ce groupe, quelque chose de festif qui permettent à chacun.e de passer un bon moment en mangeant.
Ce qui nous gêne un peu : encore une fois, il est question de mettre au centre de l’attention des mariés qui, tous gênés, doivent se dandiner pendant que les invités les regardent en frappant dans leurs mains. Le moment peut être très long, d’autant plus qu’il n’a vraiment aucun symbole particulier. Pourtant, c’est un moment apparemment très important, notamment pour les traiteurs qui ont besoin de savoir quand est le timing du début de repas.
Comment révolutionner tout ça ? Le mot d’ordre : vous n’êtes pas obligés de vous transformer en ambianceur de fou pour ces 2 minutes. Vous pouvez rentrer en même temps que vos invités, vous pouvez rentrer juste après mais sans musique, en toute discrétion. Il faudra juste trouver un symbole pour faire comprendre à vos invités que le repas est commencé et que lorsqu’ils auront leurs assiettes devant eux, ils pourront les manger sans attendre. Parfois c’est un petit discours de votre part, parfois c’est un simple « bon appétit » ! Vous pouvez aussi passer tranquillement de table en table pour souhaiter un bon appétit à tout le monde. Autre option : vous faites votre entrée avec d’autres proches. vous pouvez vous amuser en rentrant tous ensemble (si vous avez des proches partants, évidemment !). Ou alors vous pouvez au contraire entrer les premiers et faire rentrer vos invités après vous !
Tradition 4 : la robe de mariée blanche qui fatigue un peu Sophie
Le principe : La mariée est souvent associée au blanc : une robe immaculée, claire, plus ou moins longue et plus ou moins large. Des robes blanches, il y en a partout, dans tous les magasins de tenues de mariage, sur toutes les photos, dans toutes les têtes. De temps en temps, il y a quelques détails qui changent un peu, genre un blanc plus cassé, plus beige ou bien des petits détails colorés… Et parfois on voit passer des combinaisons aussi (blanches, toujours hein), mais dans l’ensemble, mariage = robe blanche.
Mais pourquoi ? L’histoire de la robe de mariée commence pendant l’antiquité : la mariée était habillée d’une robe claire par-dessus laquelle on nouait une sorte de cape (plus ou moins claire, elle aussi). Ensuite, il y a un trou dans l’histoire de la robe jusqu’au Moyen Âge : à partir de ce moment, le seul impératif d’une robe de mariée, c’est d’être d’une matière assez noble pour étaler à la famille de son époux combien on est riche et combien on en impose. Du coup, on part sur des tissus hyper lourds, très colorés (parce que la couleur c’est cher, le bleu surtout : le must du must !), brodés, dorés bref, plus y’en a, mieux c’est. Et puis vers le 18ème siècle, un mouvement s’amorce doucement avec la religion chrétienne : le blanc commence à revenir sur le devant de la scène. Synonyme de pureté, de douceur, de virginité (encore une fois !), le bleu (de Marie) se transforme en blanc (de la mariée). Je vous passe les détails pour arriver directement en Angleterre et à la bascule improbable : la Reine Victoria, influenceuse de l’époque qui fait deux grands choix de vêtements dans sa vie (qui nous sont restés jusqu’aujourd’hui, c’est dire le pouvoir d’influence de la Queen quand même) : le noir du deuil et le blanc du mariage. On ne sait pas trop pourquoi elle décide de se marier en blanc (pour détonner ?) toujours est-il que le mot passe : c’est LA couleur du moment. Les mariages suivants sont de la même trempe (Sissi, Grace Kelly, Lady Diana…), le blanc est LA couleur du mariage et tout le monde veut se marier en blanc. On en arrive même à dire que c’est la tradition depuis des siècles, alors que pas du tout !
Ce qui nous gêne un peu : Le blanc, c’est très beau. Mais c’est vraiment pas très pratique et ça ne nous ressemble pas toujours. Cette couleur est tellement associée au mariage que si vous vous mariez en blanc, impossible de réutiliser votre tenue pour une autre fête. C’est également très salissant et pour certaines personnes, c’est un véritable stress : les mains pleines de chocolat des enfants, les verres de vin rouge, la sauce du plat, le cœur coulant du gâteau… La journée entière se transforme en parcours du combattant pour éviter toutes les tâches. Et puis cette tradition qui n’a plus de sens : la pureté de la mariée, sa virginité, bon, on repassera je pense.
Bref, c’est très difficile de passer au-dessus de la pression sociale qui vous dit : c’est une robe blanche et puis c’est tout.
Comment révolutionner tout ça ? C’est le plus difficile mais c’est la base d’un mariage : faire exactement ce dont on a envie et faire fi du “qu’en dira-t-on”. Votre couleur préférée, c’est le bleu ? Eh ben mariez-vous en bleu ! Vous voulez une tenue avec plein de couleurs ? Mais ALLEZ-Y ! Foncez ! Si vous voulez réutiliser votre tenue, misez sur la couleur. Et si vous voulez créer votre tenue, tous.tes les couturiers et couturières vous ouvriront grand leurs portes parce que vous proposerez quelque chose de nouveau et qu’iels adoreront vous aider à le mettre en place ! Et si vous voulez simplement garder le blanc mais révolutionner les tenues, imaginez autre chose qu’une robe : une tunique, un ensemble, une jupe… Autre option : demandez à tous vos invités de venir en blanc… Et pointez-vous dans une couleur qui pète : vous serez inratable !
Tradition 5 : s'habiller et se maquiller pour ne plus se ressembler, cette mode qui déçoit souvent Laureline.
Le principe : À journée exceptionnelle, préparation exceptionnelle ! Pour leur joli jour, les marié.es font souvent des choix qu’ils ne font jamais dans leur quotidien : mettre des talons hauts, porter des bijoux ou des accessoires, se maquiller, faire une coiffure particulière, enlever leurs lunettes…
Mais pourquoi ? L’explication la plus logique, c’est la pression qu’on se met soi-même pour que tout soit parfait y compris nous-même. C’est aussi la pression que l’on reçoit de nos proches qui ont parfois des habitudes qui ne sont pas les nôtres. On veut paraître beaux sur les photos, on imagine que l’on doit répondre à des codes vestimentaires particuliers alors on se plie un peu à ce que l’on voit.
Ce qui nous gêne un peu : en faire trop ne vous correspondra jamais vraiment. Une personne qui ne se maquille jamais aura sûrement du mal à se voir trop maquillée. Les personnes qui portent des talons le jour-J sans jamais le faire dans leur vie quotidienne ont du mal à finir leur journée : elles ne sont pas à l’aise, pas confortables, ce n’est pas pratique. Au final, on entend souvent des personnes regretter ces choix : ça a pris trop de temps, ça ne leur ressemblait pas, ce n’était pas “eux”.
Comment révolutionner tout ça ? Ce qu’il faut retenir ici, c’est : être soi-même ! Même si vous voulez jouer le jeu de la journée qui change un peu, il faut que vos choix vous ressemblent.
– Oubliez les talons si vous n’en portez jamais : vous allez galérer et serez très mal à l’aise. Il existe des chaussures très chouettes et complètement plates dans lesquelles vous serez tellement mieux !
– Misez sur un cours de maquillage pour que vous puissiez vous maquiller rapidement et légèrement comme vous en avez envie, et sans passer par la case “maquillage pendant 2h”.
– Réfléchissez à une tenue, des accessoires ou des coiffures qui vous ressemblent : vous portez des casquettes tout le temps ? Eh ben trouvez une belle casquette pour le jour-J ! Vous ne portez jamais de collier ? Rien ne vous oblige à en porter un ce jour-là. Vous vous passez un simple coup de peigne dans les cheveux tous les jours ? Ne partez pas sur une coiffure ultrasophistiquée : trouvez quelque chose qui vous correspond au mieux !
Vous trouverez plein d’idées de coiffures et de maquillages qui changent dans l’article que nous avons écrit à ce sujet !
Votre mariage, c’est votre mariage. On va le redire, au risque de se répéter, encore et encore, mais votre mariage, c’est votre mariage. Vous êtes libres de faire ce dont vous avez vraiment envie.
Vous êtes libres de suivre les traditions, de les embrasser, de les accepter, tout autant que vous êtes libres de ne pas les suivre, de ne pas les accepter, de les refuser.
On ne dit pas que vos choix seront compris par tous vos invités, et il est très possible que vous ayez une pression monstre sur vos épaules, mais croyez-nous : vous n’êtes pas les premier.ères à refuser des choses ou à vous les approprier, vous ne serez pas les dernier.ères non plus. Alors aidez-nous à révolutionner les mariages de demain, à brandir haut et fort votre liberté de créer votre propre tradition, de suivre vos propres envies ! Et faites passer le mot : votre mariage, c’est votre mariage !
Les artistes des images
Photo de couverture : Dorothée Buteau |
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